lundi 9 juillet 2012

Contra facta non valet argumentum





LE CONCILE VATICAN II EN QUESTION

Symposium Théologique de Paris – Octobre 2005




CONCLUSION

Reprenons point par point la thèse que nous avons présentée au début de cette étude.

Valeur des documents

Nous avons tout d’abord affirmé que le Concile Vatican II, quant à la valeur des documents, peut être mis en discussion, et ce en conséquence des considérations faites sur l’intention du Concile lui-même. Contrairement à l’affirmation de Mgr Marchetto, le Concile n’a pas eu l’intention d’engager la plénitude de l’autorité magistérielle, ou du moins il ne l’a pas fait sur les points les plus controversés.

Les positions sur la liberté religieuse, par exemple, ou encore sur l’œcuménisme, sont présentées par le Concile comme des « vérités » adaptées au contexte culturel d’aujourd’hui. Par conséquent elles ne concernent pas, comme le disait le cardinal Journet, « ce qu’il convient ou non d’enseigner et de croire, si l’on veut préserver l’intelligence des fidèles des dangers qui menacent leur foi », mais plutôt ce qu’il convient de penser pour mieux dialoguer avec le monde contemporain; domaine qui n’engage pas la plénitude de l’autorité magistérielle.

Mgr Marchetto présuppose donc une plénitude d’autorité qui n’existe pas. Il a certainement le mérite de s’être opposé au monopole du prof. Alberigo et de l’institut de Bologne, mais sa « solution », en réalité, ne résout rien, parce qu’elle refuse a priori une analyse des contenus problématiques des documents conciliaires.
Contenu des documents

Ensuite, quant au contenu des documents, le Concile doit être mis en discussion.

Si en effet l’absence d’intention d’engager la plénitude de l’autorité magistérielle laisse la possibilité de l’erreur, la constatation des erreurs présentes dans les textes constitue, on l’a vu, un motif suffisant pour mettre en discussion les parties problématiques du Concile.

Il n’est pas possible d’invoquer une lecture du Concile selon la Tradition si, par ailleurs, on constate la présence d’éléments qui semblent contraires à cette Tradition.

Très probablement, le problème est de savoir en quoi consiste cette Tradition, c’est-à-dire de savoir si elle est considérée comme depositum transmis et développé, ou si elle est comprise suivant l’acception progressiste, qui la lie au changement, même in « essentialibus ».

Face à des affirmations conciliaires qui ont constitué matière à des condamnations répétées par le passé, s’applique le principe : contra facta non valet argumentum.

Conditions actuelles

Enfin, quant aux conditions actuelles, les points problématiques du Concile doivent être mis au moins entre parenthèses. Cette considération pratique peut sembler surprenante; en réalité, elle nous semble la plus adaptée au moment que nous sommes en train de vivre.

L’urgence d’un retour à la saine doctrine n’est plus à démontrer. Cette urgence, même Rome la reconnaît, face à l’impressionnant processus de déchristianisation d’un côté, et d’affaiblissement du catholicisme de l’autre, qui se déroule sous nos yeux. Mais le plus souvent, on court le risque de s’enliser sur la question de Vatican II. On fait de ce Concile ce qu’il n’est pas, à savoir le fondement ultime de la fidélité à l’Église catholique, tant pour ceux – et ce sont les plus nombreux – qui le défendent que pour ceux qui le critiquent. Voilà la position qui risque le plus de paralyser l’action apostolique et de gaspiller de l’énergie.

Il est nécessaire, avant tout, de reconnaître que ce Concile ne peut pas être considéré de la même manière que les Conciles œcuméniques qui l’ont précédé, lesquels ont défini des dogmes, condamné des hérésies, invoqué la plénitude de leur autorité pour confirmer dans la foi le peuple chrétien en le protégeant des dangers.

En second lieu, il faut avoir le courage de reconnaître l’échec du Concile. Ce qui – aux dires de tous – devait avoir une finalité essentiellement pastorale a généré une grande confusion et un grand égarement. Dans les textes conciliaires, hélas, trouvent « refuge » toutes les positions, des plus progressistes aux plus conservatrices à cause de l’ambiguïté remarquable des textes; une ambiguïté qui est encore hélas volontairement conservée.

Prenons, à titre d’exemple, le cas du célèbre subsistit in de la constitution Lumen Gentium : si le but du Concile était d’exposer la foi dans un langage plus adapté à notre époque, et donc plus compréhensible par tous, pourquoi utiliser une telle terminologie? Pourquoi recourir à une expression d’un usage peu courant, sinon pour pouvoir ouvrir la voie à différentes interprétations (non orthodoxes) de ce texte dans la phase de l’après-Concile? Qu’est-ce qui empêchait de dire plus clairement : « l’Église du Christ est l’Église catholique », étant donné l’appel répété à lire le Concile à la lumière de la Tradition? Ainsi, ce texte peut être interprété tantôt dans un sens traditionnel, tantôt dans un sens progressiste, offrant une prise aux uns et aux autres, et devenant une occasion de confusion et de dérives.

Il y a ensuite d’autres passages, qui ne peuvent pas être lus, comme ils sont, à la lumière de la Tradition, car ils constituent une nouveauté absolue, qui entre en conflit avec l’enseignement constant des Papes précédents. Les textes consacrés à la liberté religieuse, par exemple, sont en contradiction avec l’enseignement pontifical depuis Grégoire XVI.

Le Concile a démontré, et continue de démontrer, qu’il n’est pas un point de repère sûr tel à offrir une garantie de la totalité des bases de la foi. Ses documents cachent ça et là des erreurs et des équivoques, d’autant plus insidieuses qu’elles apparaissent fugacement au sein de textes en général orthodoxes.

Pour le bien de l’Église, il est urgent de revenir aux sources sûres de la doctrine, aux enseignements garantis par le sceau du Magistère infaillible, surtout là où il s’est prononcé sur les erreurs de notre temps.

Si Si No No

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